D’après les MMTLM (Mamans qui se croient Mieux que Tout Le Monde), faire porter des motifs tête de mort à sa progéniture, ça ne serait pas très malin.
Pire, à les entendre, limite ça pourrait traumatiser un gosse, l’empêcher de tisser des liens sociaux et le cataloguer comme gros looser, vu que looser ça rime avec rocker. La tête de mort, c’est le mal. C’est pas compatible avec un univers enfantin, c’est laid, c’est pas de bon goût et puis même, ça fait peeeeuuuur !
Te marre pas. En discutant avec une vendeuse dans une boutique de vêtements rock, j’ai récemment appris que certaines écoles interdisaient tout bonnement que les bambins se présentent en classe dans des vêtements imprimés tête de mort sous des prétextes aussi bidon que “la piraterie ne doit pas constituer un idéal pour les enfants”. Je sais pas toi, mais là, moi je me marre.
Parce que faisons un état des lieux : les têtes de mort sur les fringues, c’est mal, mauvais, effrayant. A côté de ça, Charlotte aux Fraises et autres icônes résolument enfantines semblent avoir le monopole dans les cours de récré. Charlotte et sa copine Dora, paraît qu’elles font pas peur, qu’elles ne sont que rêve, amour et délices de l’enfance. Je sais pas toi, mais là, moi, je me fait littéralement pipi dessus tellement c’est trop marrant ce concept. Limite je me demande si les mamans qui s’offusquent devant les têtes de mort, mais affublent leur gamins de vêtements à l’effigie des égéries de dessins-animés, ne seraient pas sous l’emprise d’une substance hallucinogène pour ne pas se rendre compte de l’évidence : le skull (oui, ici on dit volontiers “skull” au lieu de “tête de mort”… Parce qu’on est cool et qu’on est bilingues…) fait fichtrement moins flipper que Dora, Franklin et autres héros colorés, rois incontestés de la sape de supermarché.
Comment ça tu ne me crois pas ?
Ok. Ben c’est pas compliqué, je vais te confronter à ces soi-disants icônes enfantines de bon goût qui inspirent la confiance et symbolisent la joie de vivre et on verra qui, du skull ou de l’exploratrice chevelue, remporte le premier prix du motif qui fout les jetons :
En première position des icônes des cours de récré, déclinée sur moults t-shirts et sac à dos, j’ai nommé : Dora, l’exploratrice-qui-s’la-pète-parce-qu’elle-parle-vachement-mieux-anglais-que-nous. Dora, la fillette tellement pas foutue de se faire des potes qu’elle côtoie des animaux aux noms à coucher dehors (franchement, ose dire que si t’avais un singe parlant, tu l’appellerais Babouche ?!). Bref, Dora, regardons-la attentivement :
Franchement, tu trouves pas qu’avec son singe savant en moon boots, elle a un air pas clair la Dora ? Déjà, t’en connais beaucoup toi, des fillettes de 4 ans qui parcourent la jungle et communiquent avec la faune sauvage en Anglais ? Ben moi perso, toute cette histoire me fait flipper. Littéralement hein.
Y a aussi Franklin, la gentille tortue qui te dit ce qu’il faut faire et ne aps faire dans la vie pour être une brave petite tortue : par exemple, avouer qu’on a fait une bêtise, c’est bien. Planquer de la marijuana dans sa carapace, c’est mal. Bref, Franklin t’apprend à distinguer le bien du mal, ce qui est drôlement sympa de sa part, mais le problème avec Franklin, c’est qu’il est pas très sexy, faut bien l’avouer. Et que Franklin sur un t-shirt, c’est pas ce qu’on a trouvé de plus chouette. Avec son air stupide, il ferait presque concurrence à babouche le singe botté.
Dans la même série, il y a également les Bratz. Alors moi le phénomène Bratz, j’adore. Parce qu’étrangement, les personnes qui estiment que le motif têtes de mort n’est pas de bon goût trouvent parallèlement que les Bratz sur des fringues, ça le fait grave. Ah oui, c’est vrai qu’elles sont très distiiiiinguées les Bratz, avec leur jupe ras le chouchou et leur collagène dans la bouche. Vraiment, les Bratz, c’est un modèle de bon goût pour les fillettes, y a pas à dire. Prions seulement pour que nos gamines ne s’affublent pas façon Bratz staïle quand elles entreront au collège…
Et puis le meilleur pour la fin, l’icône choc des maternelles qu’on est tous censée trouver trop mignonne et trop chou, j’ai nommé Bébé Lilly. Bébé Lilly, la vérité, elle fait flipper sa mère. Enfin moi perso, je pourrais pas dormir avec un poster de Bébé Lilly dans ma piaule, elle est trop effrayante c’te môme. Je préfère encore dormir avec une poupée à l’effigie de Chucky dans les bras, sans dec’ quoi.
Nan, ne dis pas qu’elle est mignonne : elle fait peur, c’est évident.
Tiens, t’as vu comme elle est flippante de près ?!!! On dirait qu’elle va te sauter à la gorge à tout moment avec son armée de jouets zombies…
Donc voilà, au final, il est clair que chacun fait-fait-fait c’qui lui plaît-plaît-plaît… N’empêche que moi, entre Dora la bilingue mutante, Franklin la tortue transgénique, Bébé Lilly la rescapée de Tchernobyl et les Bratz ramassées sur un trottoir, ben le choix est vite fait : je me rabats sur de la tête de mort en veux-tu en voilà !! Parce qu’au final, un bon vieux skull, c’est autrement plus sympatoche que des amis virtuels inquiétants ou que de mauvais clones de Barbie sapés comme des racolleuses.
Encore un avis qui n’engage que moi. Mais qui est le bon, puisque c’est le mien. 😉